Tu te dirigeais en cours mais tu n'étais pas des plus motivés, Maxendre. La veille, tu avais entamé un nouveau livre qui t'avait passionné. L'auteur arrivait à faire découvrir chacune des émotions de ses personnages par ses mots si intenses mais néanmoins bref. Tu avais commencé à lire d'un œil peu intéressé et dès la première page, tu ne pouvais déjà plus relever la tête. Tu avais presque l'impression non pas d'être immergé dans l'action du livre, mais plutôt aux côtés de l'écrivain, à ressentir comme lui les frissons de cet écrit, les mêmes pulsions qu'il avait du avoir en rédigeant ce récit. Et, forcément, face à cela, tu n'avais pas pu décrocher avant environ deux à trois heures du matin. Alors que tu avais cours le lendemain à la première heure. Quel sérieux tu avais, Maxendre.

Tu observais nonchalamment les pétales des fleurs de cerisier tomber délicatement au sol, une pluie rosé remplissant le cœur des passants d'une douceur et d'une poésie rare. Plus qu'efficace pour donner envie aux élèves d'avancer dans cette allée sans se rendre compte qu'ils vont en cours. Quand à toi, Maxendre, malgré la subtile beauté de ce paysage, le sommeil n'arrivait quand même pas à te quitter. Pourtant, il fallait que tu sois en forme. Tu ne pouvais t'asseoir là, contre un arbre et attendre que le sommeil te gagne. Pas comme cette personne qui semble si bien installé. Cette personne ? Tout d'un coup, la curiosité te gagna légèrement. Il était posé contre un arbre, d'accord, mais dans une position pour le moins... Étrange. Comme s'il avait fait un malaise. A cette heure, personne ne passait par là, normal après tout, tu étais en avance, une avance incroyable. Tu aimais toujours avoir une heure d'avance pour prendre le temps de relire tes cours avant de commencer la journée, tranquillement installé dans ta salle de cours. Tu étais sans doute le seul à l'avoir vu, Maxendre. Et malgré cet aspect froid, cette solitude dont tu aimais te parer, tu ne pouvais pas rester là sans rien faire, sans aider cette pauvre personne. Il fallait au moins que tu t'assures que tout allait bien. Tu t'approchas de lui, à pas feutré, comme si tu étais effrayé de quelque chose. Tu avais peur de cet personne que tu ne connaissais pas. Car, s'il avait réellement fait un malaise, que ferais-tu ? Tu serais seul avec ton impuissance. Tu te baissas vers lui, intrigué. Jusqu'à ce que tu entendes un étrange bruit, celui d'une respiration régulière, lente, typique d'un être endormi.

-Hé ! Est-ce que ça va ?

Ce n'était pas possible, tu ne pouvais pas y croire, Maxendre. Ce type ne pouvait pas être endormi, là au milieu de nulle part. Tu n'imaginais même pas comment c'était possible.

Il te dit qu'il va bien, Maxendre, mais peut-on vraiment penser que quelqu'un allongé sur le sol il y a encore quelques instants puissent aller bien ? Ce devait sans doute être un malaise ou autre chose de ce genre, tu ne voyais pas d'autres explication. A moins qu'il ne se soit simplement endormi ? Non, il n'y avait que dans les dessins animés que les gens pouvaient s'endormir ainsi sans aucun problème. Mais comment devais-tu agir en cet instant ? Tu t'accroupis dans sa direction, te mettant face à lui et donc camouflant les lueurs du soleil qui pouvaient lui tomber sur le visage. Tu l'observes, ton habituel visage impassible sur le visage, tu veux t'assurer que tout aille bien pour lui, aussi tu décides de rester là tant qu'il ne sera pas debout et parti un peu plus loin. Comme ça, tu ne te sentiras pas coupable s'il devait lui arriver quelque chose.  "Tu es sûr ? Tu étais totalement inconscient y'a encore deux secondes... Tu t'es fait mal peut-être ?" Tu voulais comprendre, savoir ce qui pouvait s'être passé pour qu'il se retrouve là, les yeux à semi-clos, comme s'il avait du mal à émerger. Et s'il n'avait rien mangé ? Cela expliquerait pourquoi il se serait évanoui, peut-être. Tu tends ensuite ta main dans sa direction pour l'aider à se relever, à rester debout aussi. Tu vois son visage totalement défait et tu as peur, admets le. Tu as peur que là, d'un coup, il se passe quelque chose que tu ne saurais gérer.

Là, tu avais beaucoup de mal à savoir comment appréhender la situation. Il devait être mal, c'était normal au vu de sa position, de sa fatigue... Un petit malaise, sans doute, oui. Donc, étant déjà en piteux état, tu ne désirais pas aggraver la chose, loin de là, tu voulais plutôt l'aider de la meilleure façon possible, bien que tu ne savais pas trop comment t'y prendre. Et là, face à toi, voilà que tu vois son poing se diriger jusqu'à toi. A une vitesse aisément esquivable, certes, mais non, tu ne bouges absolument pas, tu ne sais même pas pourquoi. La situation qui paraissait trop irréel ? Le fait qu'il ne se sentait pas très bien ? Aucune idée. Mais toujours est-il que ce point est désormais sur ton visage désormais. Et au final, il y avait plus de force que ce que tu pensais car tu souffres quand même de cet impact. Dans un petit bruit plaintif, tu oberves le bras retomber lourdement sur le sol. Nan, ok, ça ne va pas. Mais genre, pas du tout."Bon, essaye au moins de te relever là... Si tu restes assis comme ça, c'est clair que ça n'ira pas mieux." Tu te baisses alors à son niveau et passe ton bras autour de lui pour l'aider à se tenir debout.