With the lights out, it's less dangerous
Here we are now, entertain us
I feel stupid and contagious
Here we are now, entertain us

C'est en te réveillant un jour, en costume de banane, dans une ruelle où étaient éparpillés un nombre non-négligeable de cacahuètes, que tu compris que tu ne tenais décidément pas l'alcool. Après l'incident, tu choisis de surveiller plus attentivement ce que tu buvais, pour t'éviter un autre grand moment d'embarras dans ta si courte vie.

Mais quand tes amis t'annoncèrent vouloir passer leur soirée à l'Odyssée, un bar au quartier Ouest de Dandelion City, Siskah, tu compris que cette promesse allait être plus dure à tenir que prévu. Tu ne déclinas pas l'invitation que tu avais reçu, même si ce maudit costume de banane hantait encore tes cauchemars, et les conversations avec ceux présents lors de la catastrophe.

Tu avais choisi de passer la soirée dans tes habituels talons rouges avec, pour l'occasion, une robe noire achetée lors des soldes de Dandelion Shop. Le temps ne s'était pas réchauffé depuis le début de semaine, t'obligeant à ajouter à ta tenue ton écharpe rouge, en plus de boucles d'oreilles discrètes et d'un maquillage sombre.

Vêtue de cette façon, tu avais l'étrange et tenace impression de ressembler aux femmes fatales que, parfois, tu voyais dans les films d'actions. Tout devait être dans le rouge à lèvres.

Accompagnée de tes trois autres amies, tu atteignis l'Odyssée, guidée par des néons multicolores et une musique puissante qu'on entendait même à l'extérieur du bâtiment. Ignorant ton mauvais pressentiment, tu passas la porte accompagnée de ton petit groupe et plains tes pauvres oreilles, agressées par tant de bruits.

Le nombre de fêtards présents eut de quoi te surprendre : Ils étaient bien supérieurs à d'habitude. Un peu perdue dans toute cette agitation, tu suivis tes amis jusqu'au bar et attendis qu'on te serve ta boisson, parcourant de temps à autre la salle du regard. Dans la foule, tu croyais reconnaître certains visages familiers mais, étant donnée l'obscurité ambiante, n'en étais pas tellement sûre.

With the lights out, it's less dangerous
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Tout en priant pour te tromper, tu crus apercevoir pendant un court instant le maudit visage d'Arthur Aceline. Après votre entrainement au stade, c'est à peine si tu étais capable de le regarder dans les yeux sans rougir. Pour oublier l’événement, tu commandas dans ta détresse un mojito bien chargé, balayant toutes tes promesses précédentes, que tu commença à siroter.

Alors, on te bouscula, faisant presque s'écraser ton si précieux (et cher) verre au sol. Tandis que tu t'apprêtais à râler et taper du pied, une voix familière parvint à tes si bonne oreilles, te proposant de quoi boire. Une voix que tu reconnus presque instantanément, à ton propre désespoir.

« Vay ! Je savais pas que t'avais une vie sociale ! »

Des tes yeux turquoises, toi, la dénommée Vay, fixas furieusement Arthur, qui se tenait à tes devants, une fille sous le bras, aussi bourrée que lui. Ça, par contre, c'était une surprise.

« Aceline. Ça m'étonne de te voir avec une fille. »

Tu recommenças à boire ton délicieux mojito qui n'avait pas fini par terre, accordant de temps à autre un regard à tes amies parties danser. Remarquant le shot de tequila et tout ce qu'il y avait avec, tu poussas un soupir. Un soupir du genre suffisant, très claire, qui signifiait : Comment je peux carrément faire mieux que ça.

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Tu observes la main d'Arthur resserrer son emprise sur les hanches de la fille inconnue, comme pour démentir tes paroles. Elle finit par s'en aller, non sans un autre geste d'affection envers Aceline, qui te fait froncer les sourcils. Tu n'avais pas le sentiment d'être jalouse - même si tu n'étais jamais vraiment certaine de ce que tu ressentais, en général -, simplement... Ça te dérangeait presque de le voir comme ça. Tu avais la soudaine envie de le secouer, de la même façon que tu avais de secouer ton paternel quand il se mettait à trop boire.

Ton visage se fit encore plus hostile quand tu sentis le regard sans gêne du garçon se déplacer sur tes jambes. Il en fallait vraiment peu pour le troubler, décidément.

« Tu étais bien moins entreprenant, au stade. » réponds-tu à ses paroles, en le fixant dans les yeux.

Tu termines d'un trait ta boisson, sentant déjà ses effets sur toi. Tu tenais encore debout - tout de même ! - mais la couleur nouvellement rosée de tes joues attestait de ton état. Tu croisas les jambes, histoire de décourager Aceline, et commandas un shot de tequila, toi aussi.

« Quoi, tu me fais l'honneur de ta compagnie ? Charmant. »

Tu accompagnas tes mots d'un sourire moqueur, narquois, soutenant ton menton par ta main valide, appuyée sur le bar. Rapidement, tu jettes un coup d’œil en direction de tes amies - tu veillais un peu sur elle, puisque tu étais la plus mature de groupe - avant de ré-accorder ton regard à Arthur.

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Toi qui pensais déjà avoir vu le plus con d'Arthur Aceline, tu te trompais. Si tes soirées t'avaient bien appris une chose, c'était qu'il était inutile de débattre avec quelqu'un de bourré si on était soi-même sobre. Alors, pour remédier à cet ultimatum, tu imitas Arthur, avec tes propres shots de tequila.

« Eh, c'est pas mon problème si t'as pas d'amis. »

Tu te cales au fond de ton siège et du coin de l’œil, le regarde continuer à boire. Tes yeux s'écarquillent quand il entame son cinquième verre. Avec tes deux petits shots, tu étais déjà là, à sourire comme une imbécile heureuse. Mais il n'y avait toujours aucun costume de banane cauchemardesque à l'horizon, et cela suffisait pour te mettre en confiance.

Quand Arthur te tira vers la piste de danse, tu crus presque te prendre l'une des chaises sur ton chemin. Tu fixas ta main valide, qu'Arthur tenait, un air presque confus sur le visage. Tu ignoras l'absence d'écharpe autour de ton cou, mais ne te retins de râler durant la route, plus fortement que d'habitude, entre deux rires.

Perchée sur tes talons, tu te soutiens à l'épaule d'Arthur pour trouver un équilibre. Danser avec quelqu'un d'un peu plus petit que toi, ça te change. En général, tes partenaires de soirée faisaient ta taille ou un ou deux centimètres de moins. Tu finissais par passer la nuit chez eux ou sortir avec pendant quelques semaines avant de te lasser.

Tandis que tes hanches esquissaient des mouvements amples et rythmés, tu posais sur Arthur des yeux absents, ivres. Tu te sentais un peu mélancolique - une chance que tu n'es pas l'alcool triste, autrement tu serais en larmes - ; La scène du stade t'avait presque plu, malgré tes critiques : Ça te changeait un peu, d'avoir quelqu'un capable de te résister, de sincèrement te supporter. Mais Arthur bourré ? Ce n'était plus la même personne. Encore un peu, et tu aurais pu croire que sa tête de con te manquait.

Tu avais presque envie de le lui dire là, maintenant, tout de suite, ce que tu avais sur le cœur. Comme si ta vie en dépendait. D'ailleurs, elle en dépendait. Probablement. Tu avais aussi envie de lui parler de cette fois où tu avais lancé accidentellement une chaussure dans la tête d'Aaron. Tu te demandais comment tu pouvais être rester silencieuse si longtemps à ce sujet. La culpabilité ? Comme l'aurait dit le poisson rouge que tu avais à tes 11 ans, la culpabilité n'est que le miroir de tes propres mensonges.  Quand tu pensais que la fatidique chaussure trônait encore toujours dans ton armoire.

Tes réflexions insensées commençaient à te faire mal à la tête. Tu devais repartir au base même de la pensée. Les chaussures, c'était comme les kebab. C'était trop cool. Un peu comme l'amitié. C'était swag aussi, l'amitié. Et tu voulais en avoir une avec Arthur, genre, là.

« Nan mais en vrai... Aceline et Vaseline, ça se ressemble un peu.»

Une information capitale.

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Tes pensées deviennent de plus en plus confuses. Son rire te fit sourire puis t'esclaffer, comme lui. Continuant ta danse, tu réfléchis toi même à un jeu de mots sur ton nom. Puis ton téléphone sonne : Tu vois le nom de ton père s'afficher sur l'écran. Levy.

Tu cesses tes mouvements et décroches un peu maladroitement : Ton portable manque de s'écraser au sol. Tu fais quelque pas en arrière, loin de l'agitation, et là, l'éclair de génie. Tu fixes Arthur de tes yeux ivres et lui dis...

« Je m'en... Vay. »

Tu avais envie de te cloner, juste pour avoir le plaisir de te highfiver toi même. Tant de classe, tant de beauté en une seule personne. Comme était-ce possible ? Tu sors à l'extérieur de l'Odyssée - le bruit ne diminue qu'un peu -. Te bouchant une oreille, tu demandes de quoi il s'agit à ton père.

Même sous l'effet de l'alcool, tu restes froide et distante avec lui. Cependant, quand il t'annonce l'arrivée de ta famille à Ameefeld - le reste de ta famille -, tu exploses presque de joie. Tu as 3 tantes et 4 oncles, Siskah, et eux et leurs enfants s'apprêtent à séjourner chez toi. Les revoir est pour toi un bonheur. Tu dis à ton père que tu seras présente et tu raccroches quand il te questionne sur cette histoire de "vay".

Tu souris comme une imbécile, sous l'emprise de l'euphorie : Tu vas enfin revoir tes petits cousins et cousines ! Tu replaces tes cheveux correctement, ne tenant plus sur place. Peut être est-ce qui te fait remarquer ? Voilà que le moment d'après, tu es dos au mur de l'Odyssée, et on te dit :

« Ton portable, files-le moi. »

Ton interlocuteur fait presque ta taille, et c'est déjà une surprise en soi. Tu regardes ton portable un instant, un air si concentré, si divisé sur le visage. Puis tu regardes le type inconnu. Et là, tu prends sa main.

« Tiens gros. Faut partager dans la vie. »

Tu en pleurerais presque.

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L'inconnu s'enfuit avec ton portable après une dernière poignée de main très émotionnelle. Enivrée comme tu l'es, tu ne réalises pas encore l’énormité de ce que tu viens de faire, et te contentes de fixer l'horizon, un air profond sur le visage.

Mais ton long instant de contemplation de la beauté du ciel nocturne, de la vie, et de l'importance de partager, s'arrête quand tu vois arriver Arthur Aceline avec ton écharpe rouge autour du cou et ton sac à main sur l'épaule. Tu éclates de rire - tant de virilité -, tandis qu'il te rejoint sur ton mur de briques. Et vous restez là, quelques minutes, à profiter de l'air frais de la nuit, à profiter de l'un et l'autre.

Cette fois, tu le réalises : Vous êtes amis.

Arthur se lève, et tu le suis du regard, te demandant bien à quoi il joue. Il te passe l'écharpe autour du cou - tant mieux, tu commençais à avoir un peu froid - et parvient à articuler quelques mots : Le résultat n'est pas fameux, mais te voles un sourire.

Tu retiens un mouvement de recul, quand tu le vois se rapprocher de toi. Peut être est-ce l'alcool qui te mets en confiance, comme ça, ou simplement le temps passé à se côtoyer ? Il pose un baiser près de tes lèvres et c'est déjà suffisant pour te faire rougir. C'est une scène que tu as déjà vécu un paquet de fois, si bien que tu as l'impression de rejouer la même histoire, encore et encore.

Tu t'approches lentement de lui, tes yeux posés sur son visage. Et tes lèvres s'approchent des siennes, jusqu'à ce qu'un pauvre centimètre les sépare.

Sauf que tu t'arrêtes. Tu n'as pas envie que ça s'arrête comme les autres fois. Tu as envie de continuer à côtoyer Arthur, que tout ne se termine pas cette nuit. Et puis, tu te connais : Tu blesses les gens. Tu ne mérites pas ça. Il ne mérite pas ça.

Tu t'éloignes de lui, un sourire un peu triste sur le visage. Puis tu lui passes ton bras autour de l'épaule, et tu l'attires vers toi, un peu comme si il était un ami depuis toujours, voir un frère.

« Allez, viens, on rentre. »