Promise
feat. PV libre

Tu viens de quitter tes parents. Tu étais passé, en ce samedi matin à leur boutique. Tu avais pénétré dans ce magasin que tu avais haï dans ton enfance, tu avais traversé les petites allées avant de saluer ta mère qui tenait la caisse, qui t'avait sourit, fier de ce que tu devenais au fur et à mesure de tes années à Dandelion. Elle t'avait pris dans ses bras, toi qui était pourtant plus grand qu'elle et, pendant un instant, tu avais pensé qu'elle t'aimait, qu'elle ne pensait pas à ce que tu deviendrais, pas au CME qui ferait sa fierté, mais juste toi, toi, ce petit garçon albinos pas forcément aimé avant son entrée à Dandelion. Mais non. Elle n'avait parlé que de tes études, ta magie, tes missions, tes missions et encore tes missions. Tu avais été blessé, comme tu l'étais à chaque fois que tu allais les voir. Mais tu avais souris, tu avais parlé, tu avais raconté, puis tu étais monté dans ton ancienne chambre, plus un débarras maintenant vu que tu vivais au Q.G. sauf pendant les vacances et, en vacances, tu dormais dans l'ancienne chambre de Charles, qui lui avait encore sa chambre malgré le fait qu'il ait son appartement, qui lui avait le droit aux sourires, aux rires, aux demandes incessantes concernant sa vie amoureuse et tout le reste.

Tu soupires en te postant au Square, pas si loin du Q.G. que ça, tu pourras rentrer en pas trop de temps si les nuages gris s'assombrissent un peu plus. Tu fermes les yeux et tu songes.

Tu songes à Charles que tu n'as pas vu aujourd'hui, qui est actuellement avec une jolie jeune femme, pleine d'entrain et de vie, qui travaille à la banque. Tu songes à Charles qui panique, de sa future vie avec ce petit enfant qui grandit dans le ventre de ta belle-soeur. Tu songes à Chris, qui ne se rend pas vraiment compte de ce qu'il doit faire, qui reprendra sûrement l'affaire familiale quand vos parents ne pourront plus s'en occuper. Tu songes à Chris qui n'a pas encore trouvé la personne avec qui faire sa vie malgré ses vingt trois ans passé. Tu penses à Hannah, qui s'habille toujours comme si elle faisait le trottoir. Tu penses à Hannah, qui t'a foutu une claque, l'année dernière, alors que tu lui avais dis que c'était plus une gamine, qu'il fallait qu'elle arrête de vivre aux crochets de ses parents. Tu songes à tes parents, qui voient leurs gosses grandir sûrement trop vite pour eux, qui ne se rendent pas vraiment compte qu'ils vont devenir grands-parents. Tu songes à tes parents pour qui tu es juste un oubli de contraception, pas vraiment désiré, pas vraiment aimé, sauf depuis que t'as été admis à Dandelion. Et surtout, tu songes à Nikolaï.

Nikolaï avec qui tu as passé quelques heures, ici, au Square, caché derrière les buissons, à vous câliner, à rire et à vous embrasser. Tu penses à Nikolaï, qui doit sûrement être dans tu-ne-sais quelle ville, en train de se battre contre tes monstres. Tu penses à lui comme si tu avais encore besoin de lui. Tu penses à lui comme s'il te manquait, comme si tu ne pouvais pas tenir sans lui. Tu penses à lui tout le temps, toujours, sans que personne n'arrive à te le faire oublier. Dix-neuf ans, amoureux comme au premier jour, trois ans que ça dure. C'est long, trois ans. Trois ans à aimer la même personne, deux ans à tenter de l'oublier. C'est long, très long. Mais tu t'y fais, des fois, tu oublies. Tu oublies que tu l'aimes, tu oublies qu'il existe... mais après, après il revient encore plus violemment, plus brutalement, comme si tu ne pouvais pas l'oublier, comme si tu ne devais pas l'oublier.

Charles avait raison, il te fallait quelqu'un.

Tu soupires encore et sors de ton sac quelques cours, pour réviser. Ca changeait de l'habituelle vieille bibliothèque ou de la bibliothèque nocturne. Au moins, tu étais au calme, avec une brise qui faisait voler tes mèches blanches et le paysage était loin d'être désagréable.

HRP:

Il lève le regard vers le ciel. Le temps est en train de se couvrir. Dommage. Mais la météo devrait se maintenir encore un peu. Elle devrait oui. Il finit de se sécher les cheveux, à demi vêtu dans la chambre pour l'instant déserte. Le petit geek ne devrait pas tarder à revenir et à brancher sa console. Ou son pc. Quelle importance au final. Il n'a pas vraiment envie d'être là quand il rentrera. Alors il se décide à attraper un haut, une veste, sans vraiment savoir ce qu'il va faire ensuite. Il se dit qu'il va aller prendre l'air. Qu'il va aller se changer les idées. Il a beau vouloir se vider la tête lorsqu'il frappe, les mêmes idées lui reviennent toujours en tête. Il en revient toujours à cette quête stupide. Cette recherche éternelle, alors qu'il sait pertinemment qu'il finira par trouver quelqu'un pour l'égaler, voire le surpasser. Alors pourquoi. Il ne saurait le dire lui même. Peut-être pour combler son vide. Tenter de colmater cette brèche qui s'était creusée dans son esprit. Pour mettre un terme à cette sensation d'impuissance qui lui collait à la peau.

Il finit par claquer la porte, avec un semblant de brusquerie, que lui même n'attendait pas. Il ferme les yeux, avant de verrouiller leur antre. Et maintenant ? Il ne sait pas. Il vogue. Il erre sans but, jusqu'à sortir du QG. Il observe la ville, grouillante, vivante. Presque étouffante. Il marche, zigzaguant entre les passants, partagé entre l'irritation et la fatigue. Il voudrait pouvoir balayer tous ces gens. Et d'un autre côté, il est là pour les protéger. Alors quoi ? C'est un non-sens. C'est stupide. Il voudrait s'isoler, alors qu'il est voué à devenir un des protecteurs de ces civils ? Ca n'a pas de sens. Il voudrait juste éviter de s'attacher. Eviter d'accorder de l'importance à ces gens. De l'importance personnelle. Mais comment déterminer une telle frontière ? Il ne sait pas. Il n'en sait rien. Il n'a pas vraiment envie de savoir.

Il prend la direction du square. De ce petit carré de nature, perdu en pleine ville. Il ralentit le pas une fois arrivé, observant les alentours. Il réprime un sourire en voyant une tête connue. La frontière entre les sentiments personnels et le devoir. Il ne sait pas vraiment de quel côté il se situe avec lui. Il s'approche de son camarade de chambre, à la fois surpris, et en quelque sorte rasséréné de le voir dans les parages. Le petit William ? Etait-ce une sorte d'instinct fraternel factice qui le poussait à agir ainsi ? Ou une sorte d'amitié ? Pour Dale, ce n'était pas clair. Mais il ne voulait pas se poser la question. Il ne voulait pas analyser tout ça. Il s'était contenté de s'approcher, pour s'installer à côté de lui. Il lui pose une main sur la tête, lui ébouriffant les cheveux avec un rire sonore.

Alors Will', même ici, t'es toujours dans tes bouquins ?

Drôle d'approche. Drôle d'entrée en matière. Mais il n'était pas fait pour ça. Il se voyait plus taillé pour le combat. Pas pour le social. Pas pour ce genre d'interactions. Mais il fallait bien qu'il fasse quelques efforts, au moins de temps en temps.

Il soupire. C'est vrai que l'endroit est calme en comparaison du QG. Pas de Chesed à pourchasser. Pas grand monde aux alentours. Peu de bruit, et encore moins de présences humaines. Mais quand bien même, il préférait nettement ça. Il préférait le calme, la tranquillité des espaces extérieurs. Pourquoi ? Comme ça. Tout simplement. Des vieux souvenirs d'enfance. Le rappel de ce temps passé à errer avec son vieux camarade. C'est probablement pour cela qu'il aime tant la nature, lui qui côtoyait un sans-abri.

Mais il ne dit rien, il se contente de profiter un peu, avachi sur le banc, fermant les yeux une seconde. Il inspire profondément. Il écoute les sons aux alentours, qui viennent caresser le rideau de silence qui les entoure. Si certains sons viennent le déchirer, ceux ci sont harmonieux, assez étrangement. Il ne fait pas souvent attention à ce genre de détails. Mais il semble avoir décidé de prendre son temps. De laisser de côté la violence, pour un court instant. Sans même s'en rendre compte.

Je sais pas. J'avais pas trop envie d'avoir Zac' en train de s'exciter sur ses jeux. D'ailleurs il devrait être rentré.

Il sort son téléphone pour regarder l'heure. Oui, il devrait être revenu à la chambre. Bah, il survivra bien tout seul. Mais une question finit par lui venir en tête.

Et toi alors ?

Oui. C'était assez rare qu'ils se croisent ainsi à l'extérieur. Ils avaient beau se voir tous les jours, ce n'était pas pour autant qu'ils se rencontraient en dehors des bâtiments. Alors le croiser ainsi était un peu exceptionnel. Assez rare, oui. Alors il se demandait pourquoi.